Peuple Manifestant – Bataclan 21/12/2016
J’ai lu ton Tweet, mon camarade, suppôt des multi-nationales. Putain, mon vieux, t’es mal tombé, tu m’en veux pas: je vais pas « Tweeter ».
C’est bien tenté, bien essayé, avec tes potes collaborants, ouais, d’essayer de faire passer pour des fous les Indépendants. Je suis du peuple travailleur, j’suis pas du show-biz à quatre pattes.
Avec moi, les fils du labeur, ceux qui font pousser des tomates, ceux qui en ont marre de s’faire baiser, par les rois de l’intermédiaire.
Par tous ces gens-là, qui ne créent rien, sûr, autour d’eux que la misère.
Merci bien, mon Monsieur, non merci, toi mon bon maître, fais attention: les miséreux, un jour, pourraient couper des têtes.
À force de faire pisser les yeux de mon populaire, ouais, t’en veux? Alors, mon vieux, j’vais t’en donner, de quoi parler, dans tes papiers. T’as lu la presse?
Puisqu’il paraît, on parle de moi dans les torchons!
Des foires à bobos pour camés, qui vient paver son p’tit rebond. Pour avoir son p’tit truc à dire, pour mentir aux populations, bien sûr, avec les sourires du temps des collaborations.
À écouter les journalismes, tous les avocats des notables, les concessionnaires du fascisme.
Ça, y’a du fric dessous la table!
Ah ouais, c’est sûr, y’a du média, pour aller défendre pognon.
Tu sais, tous ces gens-là qui paient publicités dans les torchons. Moi, je resterai poing levé du peuple des Indépendants.
Moi j’y peux rien, si je suis né du peuple des Manifestants.
Faut boycotter collaborants, puis faut protéger nos cultures. Puisqu’ils viennent violer nos champs, piétiner nos littératures. Puisque mon coeur est compagnon de ces gens-là, le poing levé, toujours en moi, l’insoumission contre les maîtres des progrès.
Je resterai le paysan sur l’établi, sur le papier, contre les maquereaux du pognon, contre les rois des enculés.
La société, t’es pas contente, quand on te traite de « vieille salope »? Tu trouves vulgaires les mots d’en-bas.
Attends, vas-y, je m’allume une clope!
J’vais te raconter un peu, d’ici, la gueule que t’as pour la misère. Tous les quotidiens de cercueils, à la fin du mois, qui galèrent…
Agriculteurs prêts au suicide, instituteurs en dépression.
Toujours pour nourrir les avides, du grand culte « consommation ». Éducs’ spés, les mains dans la suie, pour t’éviter les rébellions: faudrait pas trop qu’les ordures remontent trop au nez du pognon…
Peuples des collèges, des lycées, laissés aux pornos et aux joints. Ouais mais t’as raison, Société, fallait mieux enlever le Latin.
Ouais puis surtout, dans cette époque, où chacun cherche une origine, vaut mieux réformer l’orthographe, oublier les Gréco-Latines.
Bah ouais la Grèce, ma Société, tu sais, le « berceau des cultures ». Le pays d’où viennent tes musées, puis d’où vient ta Littérature. Non, toi, tu préfères la saigner, pour enrichir sur les banquières. Non toi, tu paries sur des dettes, pour mieux saigner les ouvrières. Non, sont mieux, avec leur iPhone, pour les éduquer à la thune.
Les progénitures des misères, de ceux qui feront jamais fortune.
Ça licencie des ouvriers, ça fait des peuples de chômeurs. Qu’est-ce que t’en dis, toi, paysan?
Qu’est-ce que t’en dis, toi, travailleur?
Ça prend sa comm’, puis ça vous chie sur tous les champs de nos cultures.
Sûr qu’y a du média pour vous dire qu’on n’est pas sur la Dictature. Démocratie enfantée, ouais du fascisme consommant, puisqu’ici il n’est de sacrée, oui que la couleur de l’argent.
Puis tu crois, toi, qu’y aurait politique, pour protéger les populaires? Non, eux ils préfèrent faire des Tweets, pour divertir la ménagère.
Pour eux, la culture, c’est sucer les p’tites Ricaines, stars de ciné.
C’est pas pour le prix des tomates, c’est pas pour le cœur ouvrier!
Dessinateurs assassinés, des salles de concert en charniers.
Puis t’as qu’à voir, un peu les feux d’artifice du 14 juillet.
Mais ça va t’envoyer des bombes, ouais, pour flinguer l’ami Syrien.
Quand y’a du pétrole, faut que ça tombe, sur des pays pauvres, des gamins…
Et continuent les attentats, et continue la propagande,
Pour les soupe-opéras du soir, puisque le peuple en redemande.
Entre les peste et choléra, sûr, prolifère la pourriture, de ces tristes pays perdus qui pissent eux-mêmes sur leur culture.
Qui violent eux-mêmes, ouais, leur histoire.
Puis qui vont t’parler d’identité pour passer deux ans dans la rue, pour ou contre, le mariage gay?
Puis y’a Karim, ouais qui galère, tu sais, juste pour s’trouver un toit.
Tu sais, pour les délits de faciès, nous on attend toujours tes lois.
Ouais, je sais c’est dur à rentrer, dans ton p’tit cerveau, Société, mais faudra bien que tu t’foutes dans le crâne, qu’Ahmed est un prénom Français.
Y’a pas à dire, ma Société, t’as raison, t’es pas une « salope ». T’es une grande Dame, puis t’as raison, oui, vaut mieux interdire la clope!
Continue comme ça, mon pays, puis t’as qu’à voir de l’autre côté d’la Manche ou bien de l’Atlantique, à quoi ils mènent des progrès.
Du (mot pas compris…) ou bien des Ricains, l’humanisme à l’Anglo-Saxonne, ceux qui bombardent des pays, pour vous vendre des téléphones.
Ouais mais le peuple, il est content, ouais d’avoir vendu ses enfants, contre un peu de calme au dîner.
Et puis, les singes aiment bien cliquer.
Peuple d’écolières, d’écoliers, putain, qu’on a laissé violer,
Par des peuples d’enculés, sûr, de la Silicon Valley.
Ceux qui censurent les paires de seins, pour mettre des guerres en direct.
Bah ouais, mon vieux, chez les mondains, ça fait du blé, quand tu t’connectes.
Mais toi t’es pas collaborant.
Oh non, ouais, toi, t’es révolté.
Quand le printemps viendra, mon frère, on sait pour qui t’iras voter! Et puis les autres, les p’tits médias, à raconter n’importe quoi, faudrait surtout pas remettre en cause, c’est sûr, le p’tit confort bourgeois..
Qui pourrait, ouais, t’en inventer, une vie, pour écrire à ta place!
Ah ouais, mais non, ça c’est déjà plus difficile à mettre en place. « Paraît qu’il a pété les plombs, non mais ses chansons divulguées, en MP3… »
Les Littéraires, ouais bah alors, la belle affaire!
Y’a pas d’quoi en chier une pendule! « Puis t’as vu, il a dit ‘salope’…Paraît même qu’en concert, y boit du whisky, fume des clopes… » Mais ferme-la, quand on sait pas de quoi on parle, on ferme sa gueule!
T’as cru qu’on était un troupeau?
Ou bien qu’on était potes, ma gueule!
Toi, la sous-co-responsable, je crois ma vieille, d’où on en est.
Tu fous la honte à ton pays, tu l’as dit, relis tes papiers!
Ces gens qui parlent sans savoir, qui préfèrent les concerts Anglais.
Ah ouais, c’est sûr, la propagande préfère les chanteurs Versaillais.
Puis d’un p’tit ton condescendant, mais t’as pas honte, triste vendu?
D’aller défendre le pognon, qui prend ta culture par le cul.
Ah non, c’est vrai, c’est pas la tienne: toi, tu vends des publicités dans ton p’tit journal démago.
Puis les patrons, faut les sucer!
Non mais t’as rêvé, ma salope, je crois que tu t’es gourée de trottoir: j’suis pas de celles qui vont tapiner, pour aller vendre un accessoire!
Rends-toi utile à quelque chose: puis renvoie-moi un exemplaire, tu sais, ça me servira toujours pour me torcher, les soirs de bière…
C’est sûr, y’a ceux qui font des « Tweets », puis ceux qui font des Littéraires!
Allez, retourne sur Instagram, pour mettre tes photos de soirée. Voilà vingt ans, putain, que ça dure, entre les radios, les télés…
Au gré des affiches de métro, des artisanats censurés.
Société des consommations, aime pas les filles dans les caddies, mais sûr aimé la prostitution: en MP3 les poésies.
Vas-y remballe la marchandise, ouais, va te trouver d’autres putains!
Et si ma petite entreprise connaît la crise, elle serre le poing!
Et ouais, j’aime pas baisser mon froc.
Je sais, mon vieux, c’est pas l’époque…
Mais qu’est-ce que tu veux, j’y peux rien: j’suis difficile à mettre en cloque! Non, moi, je fais pas dans le pathétique, des démocraties, des Mac Books…
Moi je me torche avec ton Tweet, puis ton communiqué Facebook. Sur son Insta, l’humanité a la gueule des cuvettes de chiottes.
Société, m’en veux pas, tu sais, j’aime pas trop baisser ma culotte.
Les « états d’urgence » pour asseoir, ah ouais, c’est sûr, tous les pouvoirs.
Des drapeaux, des peuples, oppression, toujours la sodomination.
C’est l’évolution inversée: l’humain retourne au chimpanzé; peuple télé-réalité, des prolos en photos de soirée.
Peuple c’est sûr, pour sa retraite, toujours prêt à manifester.
Pour aller sauver la planète, pour le climat en Jet privé…
Peuple clodo, sur les avenues,
Peuple des comptes au Panama,
Peuple préfère rester coké,
Peuple préfère cliquer, je crois…
Peuple descendra dans la rue,
Pour les chômeurs, pour les clodos,
le peuple vient donner son cul, c’est ça, dansant les collabos.
Des millions par milliers, à aller applaudir des DJ’s, des millions pour aller voter, toujours pour les mêmes enculés.
Des millions pour gagner sa place, des pourritures sur les charniers.
Des millions pour aller prêcher, des millions pour aller prier.
Des millions dans des stades oui, pour voir un ballon rouler.
Des millions « C’est mort, camarade, y’a que les millions qui font rêver… »
Des millions de pauvres, des millions de pauvres, des millions de pauvres (2 fois)
Allez, peuple Manifestant, vas-y ramène-moi l’échafaud, des radios, des merdes à gogo, sûr pour abreuver les ghettos…
Peuple de blogueurs illettrés, peuple d’abrutis débilés du cerveau,
Peuple tatoué, putain mon vieux, c’est pas gagné!
Peuple d’animateurs télé, y’a plein de people à l’Élysée,
Peuple bobo, peuple bourgeois,
Mais populaires, retenez-moi!
Et puisque tout ça finira, un jour, sur l’échafaud, je crois.
À la merde qui fait la France,
Faudrait rétablir la potence…
Des millions de pauvres (3 fois)…Ouais!
© Damien Saez