LE MANIFESTE – Tournée
18 mars 2017
Damien Saez était le samedi 18 mars 2017 au Zénith de Clermont-Ferrand, une date à retenir, un très bel échange entre le groupe et le public. En effet, les briquets ont remplacé les smartphones, un beau respect lors des tableaux dont celui intitulé « Ma Terre » qui fut diffusé sur le grand écran et une salle bouillante…Un grand moment de cette tournée du Manifeste, et notamment la lecture à voix haute des manifestants des textes diffusés lors de l’entracte du groupe…qui engendra un éphémère par la suite 🙂
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Tableau visible sur le Manifeste de Damien Saez, abonnez-vous sur Culturecontreculture.fr
22h24 | 18 mars 2017
Ma terre
J’suis vénale, si tu savais comme j’suis vénale, j’me dégoute tellement j’suis vénale,
puis eux ils m’dégoutent encore plus d’aimer ça.
Alors je leur donne le corps à ces putes.
Il vaut plus rien d’façons mon corps, i’ vaut que le mal qu’on lui a fait, qu’les coups qu’il a pris mon corps,
Puis ma superficialité… Et y a toujours la p’tite fille dedans… Ben elle aussi elle voulait être une putain, j’suis un peu paumée.
J’suis un peu paumée, si tu veux savoir j’suis carrément paumée,
oh oui je sais d’où j’viens mais j’sais pas vraiment qui j’suis, puis j’sais pas où j’vais, j’sais plus.
Avant je savais pas tout ça… C’est dû à ma famille, enfin à ma mère et mes sœurs… Pourtant y avait rien, enfin rien…
et puis quand j’suis partie, comme toutes les filles comme moi ben, ben on aime bien les paillettes, et puis la merde au goût d’argent, alors on y va, puis comme on aime les lumières, ben on s’y plonge comme un putain d’insecte qui se noie, comme un vieux papillon fou qui sait pas puis qui bat de l’aile, alors moi j’bats d’l’aile,
chaque souffle que Dieu fait putain j’bats de l’aile comme un con d’papillon paumé dans la lumière,
elle est sous l’eau la pute, alors lui il s’y r’tourne, tremper ses ailes trop gaugées pour s’envoler, pis tu l’aides à r’partir et à sécher ses ailes mais non…
Ben comme on est connes, nous les papillonnes, ben on r’tourne papillonner vers les lumières, pour s’y noyer encore …. Et les lumières, ça pervertit.
J’suis pas tombée dans la drogue, ou juste un peu enfin j’sais plus.
Mais j’ai l’vice…
Sans l’oseille t’es rien,
même si tu te rends compte que t’as l’vice, ça peut plus s’en aller de toi. Alors faut s’éventrer, faut se vomir mais moi j’arrive pas à vomir, j’ai pas les couilles de couper.
Même si j’sais bien qu’ça m’empêche de respirer, ça reste encré, et j’crois pas que ça puisse s’en aller un jour, j’sais plus respirer putain j’sais plus.
Putain d’tarée, voilà c’que j’suis.
En fait ma vie… elle a pas d’poésie ma vie, elle a du Vuitton puis du Rolex, puis des bites en Weston.
Même leur sperme i’ sent la thune, il sent l’acide, l’acidité d’la vie… enfin plutôt l’acidité d’la mort, mais moi j’m’en fous tant qu’ça paye.
j’l’ai aimé c’mec.
il m’disait t’es tellement une princesse que j’veux pas t’salir, n’importe quoi…
En fait j’suis pas très sexuelle,
les mecs aiment tellement le cul, et moi j’les fais tous bander les mecs.
Et quand ils bandent ils m’dégoutent,
et quand ils m’dégoutent j’aime ça
et plus j’ressens ça, plus j’m’enfuis…
J’aime pas ressentir ce truc qu’on aie trop envie de moi
même quand j’suis amoureuse.. c’est ça qui est terrible.
La poésie tu l’as ou tu l’as pas, alors quand tu l’as pas, ben faut être les autres…
Puis surtout faut savoir prendre les trains, puis surtout faut savoir pas s’gourer d’train, parce qu’y a des trains qui s’arrêtent plus et toi tu voudrais descendre parce que t’as vu qu’le paysage par la fenêtre il t’plaît plus, y a plus l’horizon, et moi, moi, ben moi j’peux plus descendre ou alors faudrait se j’ter. Mais j’vais de wagon en wagon et y a c’putain d’train qui s’arrête pas…
Alors j’me jette dans des bras, dans des bras qui m’aiment, ah faut les voir comme ils m’aiment, ils font gerber comme ils m’aiment, parce que moi j’m’aime pas…
Et moi j’suis comme ça, j’y peux rien,
j’l’ai pas la poésie, et pourtant comme je l’aime.
Et y a celles qui l’ont pas mais qui savent la lire et la suivre… et puis y a les comme moi qui suivent les terre-à-terres, les vents qui mènent à rien.
Si tu savais comme j’suis sale,
c’est bizarre d’être dégoutée… Dégoutée à 20 ans putain…
Ils m’aiment trop…
On m’a beaucoup trop aimée dans ma vie.
Et les seules fois où j’ai vraiment aimé, on m’l’a pas rendu… ça donne pas trop envie d’aimer.
J’ai plus envie d’toutes façons, j’ai plus envie d’aimer.
Tout c’que j’ai eu entre mes putains d’cuisses…
Labourée, labourée comme la terre, mais ma terre à moi elle est gelée, elle sent plus rien ma terre, et les couteaux des chariots d’feu i’ rentrent pas, alors ça déchire, ça déchire ma chatte, ça déchire ma terre.
Des chariots d’feu qui labourent ma chatte ouais,
elle était belle avant ma terre, un coup l’été, un coup l’hiver
un coup printemps, un coup monotone,
des manteaux de flocons qui s’posaient d’ssus, puis des bourgeons qui s’ouvrent, puis qui sentent bon la vie,
elle était bonne ma terre, des plantations qu’on aurait pu y faire sur ma terre puis qui sait, même des enfants, elle aurait pu être mère ma terre, une vraie nourrice ou plutôt une vraie nourricière.
la peau douce, les seins tout fermes puis des yeux d’horizon au regard des cimes,
oh y avait bien l’océan qui v’nait d’temps en temps s’y pointer pour l’orage, pour faire pleurer son âme à ma terre, mais c’était normal, le fruit du temps qui passe, qui poussait sur ma terre, l’odeur d’la joie qu’elle avait avant, l’odeur d’la joie.
L’odeur des tout est possible.
Les seins comme des collines puis des volcans entre les cuisses, et la sève qui s’écoulait d’mon ventre à la terre pour nourrir de fertiles les sols gelés d’hiver qu’elle avait ma terre.
puis maintenant c’est quoi, des puits d’pétroles au milieu du désert voilà c’qu’elle est ma terre, j’la vends à qui veut payer, j’la mets au plus offrant,
pour qu’on la prenne, pour qu’on la laboure, pour qu’on la pourrisse de d’dans son ventre,
c’est pour ça qu’j’fais d’l’asthme, parce qu’j’sais plus respirer, c’est l’d’dans d’ma terre qui m’dit qu’i’ sait plus comment faire.
J’aime plus l’cul en fait, j’aime plus ces armées de déchires qui m’esquintent,
comme ceux qui disent qu’i’ m’aiment, j’leur crache à la gueule moi, leur amour, il pue la merde leur amour, des amours de comptables qu’on m’a donnés ouais, des amours de banquiers, c’est pas l’amour ça, l’amour c’est légionnaire, l’amour ça fait la guerre, ça tient pas des comptes, l’amour ça s’picole ça s’gerbe, ça crie putain l’amour,
l’amour c’est un whisky, un dix mille ans d’âge que les hommes et les femmes boivent depuis qu’ils s’emboitent, puis qu’on boit jusqu’à plus soif, c’est fait pour trinquer l’amour, trinquer les verres, puis trinquer tout court, mais trinquer par amour, pas fait pour s’séparer, l’amour, c’est fait pour s’faire pleurer,
puis faire pleurer les bites puis les p’tites chattes pour qu’elles s’sentent vivantes les p’tites putes,
mais eux ils m’aiment pas, il m’offrent des trucs
alors j’les laisse m’offrir des trucs, j’les laisse tuer ce putain de temps qui m’assassine…
J’suis pas malheureuse, mais putain qu’est-ce que j’suis pas heureuse.
Tu vois les histoires c’est dur quand c’est profond, c’est un peu comme le cul en fait…
mais y a encore plus dur, c’est quand tu sais même pas si c’est profond, corps perdu chute libre au fond d’l’eau, y’a plus d’lumière puis tu sais pas, tu sais pas si la surface est loin, tu sais pas si tu vas toucher l’fond, tu sais rien… juste que c’est l’agonie.
Alors j’préfère plus rien ressentir.
Putain les nuits où j’ai prié Dieu de pas avoir rencontré l’enfer… pour plus ressentir cette horreur au fond, pour qu’on m’épargne enfin -… faudrait s’préserver sans s’préserver en fait…
C’est beau d’tout donner mais ça fait trop mal putain, quand on est comme une vieille pute laissée sur un trottoir, les bas filés en douce, l’rouge à lèvre qui bave, la mini-jupe fendue autant qu’l’trou noir qui t’sert de chatte, un bois d’Boulogne à toi toute seule, d’penser qu’un jour tu sortiras un chiard du même trou qui aura accueilli toute la laideur de l’Homme, bras ouverts qu’elle est ma chatte. Un vrai s’cours populaire. À genoux comme un Christ qui aurait perdu sa croix, mais c’est sa vie sa croix. elle te r’garde elle te sourit, mais y a des sourires qui sentent les larmes,
quand on r’ssemble en l’espace d’un fragment de seconde à la mort.
Elle me l’a dit la mort, elle m’a dit attention, c’est pas loin…
des putains d’médocs, des putains d’rasoirs, c’est ça aimer ? c’est s’faire taper dessus aimer ? frapper l’autre et vouloir qu’il meurt aimer ? C’est ça putain aimer, être tellement déchirée qu’on voudrait qu’tout s’arrête, être tellement, infiniment arrachée dans l’âme qu’on veut même plus recoudre son âme à son corps, qu’on sait plus respirer, qu’on veut juste couper définitivement, couper et faire le deuil, le deuil de sa propre vie putain…
comment j’ai pu m’gourer autant…
J’me suis mariée à Vegas … ben oui parce que les filles comme moi on les marie pour de faux, et puis ben comme les filles comme moi valent pas mieux que des mariages en bois, ben elles acceptent, histoire de se dire qu’elles auront bien pourri le rêve de cette pute de princesse dans sa putain d’robe blanche, j’lui pisse dessus à la putain d’princesse, puis sa robe j’lui fous dans l’cul.
Voilà, j’suis comme toutes les connes qui parlent à des webcams, qui parlent aux satellites en s’disant que peut être là-bas y aura un anonyme, un truc qui m’écoutera pleurer et viendra m’sauver, mais y a personne et la bouteille elle est perdue dans des vagues qui ont pas d’rivages…
Une putain d’blessure voilà c’qu’j’suis, une putain d’blessure.
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Chansons jouées lors du concert à Clermont-Ferrand 2017 :
L’humaniste
Châtillon-sur-Seine
Que tout est noir
Les enfants paradis
L’oiseau liberté
Fin des mondes
Betty
Mon terroriste
Des p’tits sous
Into the wild – J’hallucine
Lettre apolitique / Lettre à politique
Marianne
Fils de France
J’accuse
Pilule
Cigarette
Peuple manifestant
Rue d’la soif
Ma petite couturière
Bonnie
Jeunesse lève-toi
J’veux qu’on baise sur ma tombe
La lutte
Putains vous m’aurez plus
Marie
Tu y crois